Filtrer
Langues
Accessibilité
Antoine de Baecque
-
La part sauvage : Du terrain à la recherche : le laboratoire du savoir
Antoine de Baecque
- Fayard
- L'épreuve de l'histoire
- 4 Septembre 2024
- 9782213679600
En septembre 1731, dans le village de Songy, en Champagne, les habitants capturent une « fille sauvage » - grimpant aux arbres, chassant, mangeant de la viande crue et suçant le sang des bêtes. Bientôt baptisée sous le nom de Marie-Angélique Le Blanc, elle apprend à vivre « normalement », et même à parler.
Son cas passionne et la jeune fille, dont l'ensauvagement laisse place à une éducation élaborée, devient un véritable « personnage » révélateur de l'époque. Tour à tour, Marie-Angélique se fait mémorialiste, conférencière ou salonnière. Traversant le siècle en sauvageonne "éclairée" jusqu'à sa mort en 1775, elle participe pleinement du spectacle de la science et de l'élaboration des idées philosophiques et anthropologiques au siècle des Lumières.
Croisant le récit de l'existence de cette enfant sauvage avec celui d'un autre personnage, fictif, une chercheuse d'aujourd'hui écrivant une thèse sur Marie-Angélique Le Blanc, Antoine de Baecque interroge, dans le passé et le présent, la manière dont se met en place le discours sur l'histoire et la fabrique de la science.
Antoine de Baecque est historien, professeur d'histoire du cinéma à l'École normale supérieure. Auteur de nombre d'ouvrages sur le cinéma, en particulier sur Truffaut et Godard, il recherche les sujets originaux pour pratiquer une histoire expérimentale, comme la marche, la cuisine, les sports, l'anormalité ou la sauvagerie. -
Marin Karmitz : une autre histoire du cinéma
Antoine de Baecque
- Flammarion
- Biographies, mémoires
- 25 Septembre 2024
- 9782080463982
Jeune homme de la Nouvelle Vague, militant de gauche, producteur, distributeur, Marin Karmitz est né ailleurs, en Roumanie. De cette enfance-là, il a gardé une certaine mélancolie qui le suit à travers ses oeuvres, ses engagements et ses questionnements. Grâce à une mine d'archives inédites, Antoine de Baecque replace ce destin dans la longue histoire du XX siècle. Le petit garçon juif de Bucarest, rejeton d'une riche famille échappant à la Shoah et au régime communiste, avant de se réfugier en France. Puis la vie d'un lycéen chahutée par une énergie politique précoce tournée contre les injustices. Sa formation comme opérateur et ses années de cinéaste seront à l'image de son militantisme contre la guerre d'Algérie et pour la révolution de Mai 68 : ses films gardent trace de cette volonté de témoigner de ce qui se joue dans la France d'alors.
Épris de liberté, fer de lance de la contre-culture, Marin Karmitz s'engage également dans l'aventure de la distribution avec mk2, ce qui l'installe bientôt au coeur du cinéma français, non sans combats ni polémiques. En parallèle, il produit et accompagne dans leur création de grands auteurs, de Chabrol à Godard, de Varda à Resnais, de Kieslowski à Kiarostami, sans oublier les frères Taviani, Haneke ou Gus Van Sant. Voici l'un des plus beaux palmarès mondiaux : sept Palmes d'or à Cannes, trois Lions d'or à Venise, une trentaine de Césars. Rarement existence aura épousé à ce point les crises, les ruptures, les élans, rarement un homme aura souhaité être aussi « contemporain » de son temps. -
Sports Belle Epoque : naissance de la passion sportive 1870-1924
Antoine de Baecque
- Passés Composés
- Hors collection Passés composés
- 1 Mai 2024
- 9791040407515
À l'orée du XXe siècle, le sport signe l'avènement d'une culture de masse et d'une nouvelle forme de spectacle public. La passion du sport à la Belle Époque est l'acte inaugural d'une religion séculière, les stades devenant les nouveaux temples où chacun se grise de la dramaturgie des corps ou de la gloire de la patrie. Les sportifs incarnent les dieux émergents que l'on vénère en projetant sur eux sentiments esthétiques, sensations physiques, espoirs de relèvement et de revanche. Boxe, cyclisme, course à pied, natation ou football prennent alors un essor irrésistible, attirant par dizaine de milliers de nouveaux «?supporters?», soutenus et encouragés par la presse sportive naissante ? dont les tirages dépassent tous les records. Héroïsation des vainqueurs, sport business, culture des fans, renaissance des Jeux olympiques ou encore naissance des stades, la pratique du sport moderne se structure à la Belle Époque, ce dont fait récit Antoine de Baecque dans ce livre aussi original que novateur.
-
La traversée des Alpes ; essai d'histoire marchée
Antoine de Baecque
- Gallimard
- Folio histoire
- 11 Octobre 2018
- 9782072820823
Le 6 septembre 2009, Antoine de Baecque se lance sur le GR5, pour une 'Grande Traversée' solitaire des Alpes, depuis le lac Léman
jusqu'à la Méditerranée. De cette aventure, il a tiré un essai d'histoire marchée, mêlant des études savantes sur les Alpes et l'aménagement de la montagne, et une recherche personnelle, 'par les pieds', attentive au corps. Cet exercice d'histoire expérimentale
plonge dans l'histoire même de ce sentier, dans les strates séculaires laissées par les circulations alpines passées, tantôt chemin de pèlerinage, tantôt sentier commercial ou de contrebande, draille de la transhumance ou voie militaire.
Il montre comment ce sentier s'est constitué en emblème, remontant à ses pionniers randonneurs, suivant ses 'aménageurs', proposant une typologie de ses usages et une sociologie de ses usagers. Ainsi permet-il au lecteur lui-même de suivre, au rythme de la marche, le chemin qui va dans la montagne. -
Godard : biographie définitive
Antoine de Baecque
- Grasset
- essai français
- 26 Avril 2023
- 9782246834380
Jean-Luc Godard, le cinéaste culte d'À bout de souffle et d'Alphaville, le chef de bande de la Nouvelle Vague, l'agitateur politique des années gauchistes, le publicitaire de lui-même, le provocateur misanthrope, l'archiviste, et l'ermite de Rolle, bref tous ces visages souvent contradictoires réunis en un seul : voici la grande biographie de l'impossible M. Godard dans son édition définitive. On l'aime/on ne l'aime pas : qu'importe, JLG a tissé l'histoire culturelle du vingtième siècle et ses images (le visage bleu de Belmondo dans Pierrot le fou, les fesses de Brigitte Bardot dans Le mépris, Johnny Halliday, Anne Wiazemsky dans La Chinoise, mais aussi un quatuor de Beethoven ou un nuage sur le lac Léman) ont marqué notre temps. Du hussard droitier, rejeton de la haute société protestante qui marche sur les mains pour épater Bardot au contestataire cinéphile qui écrit à Malraux « ministre de la Kultur » une lettre sur « la censure, gestapo de l'esprit », du réalisateur tyrannique au lauréat octogénaire de la Palme d'or spéciale pour Le Livre d'image en 2018, du moraliste politisé en treillis de combat au King Lear sépulcral cigare en bouche, de l'historien des images « relié au passé » au kinoclaste « shooté au show-business », défilent ici quatre-vingt-douze années de vie, de cinéma, de travail et de passions brûlantes. « Son génie est plus fort que sa volonté d'auto-destruction » disait Daniel Cohn-Bendit. C'est la résurrection d'une époque française qui vibre d'une cinéphilie folle, où s'entremêlent créativité, rivalité et fraternité.
-
La Nouvelle vague ; portrait d'une jeunesse
Antoine de Baecque
- Flammarion
- Champs arts
- 8 Mai 2019
- 9782081495845
Jean Seberg et Jean-Paul Belmondo déambulant sur les Champs-Élysées dans À bout de souffle, Jean-Pierre Léaud fuyant son enfance délinquante sur une plage de Normandie dans Les Quatre Cents Coups : autant d'images qui incarnent la mythologie de la Nouvelle Vague.
La liberté scandaleuse de Brigitte Bardot dans Et Dieu créa la femme avait ouvert la voie en 1956. Entre 1959 et 1962, de jeunes cinéastes - François Truffaut, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol, Éric Rohmer... - changent le visage du cinéma français. Ils imposent à l'écran, stylisés, des gestes, des attitudes, des apparences, des manières d'être, d'aimer, dans lesquels se reconnaissent d'emblée les spectateurs de leur génération.
Mouvement de cinéma, mouvement de jeunesse : c'est ce moment unique de l'histoire culturelle française que retrace et analyse Antoine de Baecque. -
« Le fait d'épuiser ma marche, et de demeurer pourtant au coeur du mouvement, me transforme en profondeur. Mes pensées se perdent moins, je surplombe moins les choses. Je me focalise sur le troupeau qui avance devant moi. Je suis porté par sa puissance. »
De juin à octobre, randonner dans les Alpes du Sud signifie marcher en compagnie des moutons : aujourd'hui encore plus de trois cent mille bêtes se retrouvent chaque année dans les alpages d'estive.
Antoine de Baecque est parti sur les traces du parcours millénaire des bêtes et des hommes, cette transhumance traditionnelle disparue dans les années 1950. Il a cheminé sur les anciens sentiers de la transhumance par des voies oubliées, serpentant au milieu d'un paysage que le passage des moutons a façonné. Il a inauguré la Routo, cet itinéraire de randonnée bientôt homologué GR qui chemine sur plusieurs centaines de kilomètres à travers les Alpes, de la plaine de Crau en Provence jusqu'au Piémont italien.
Ce récit voyageur d'un parcours montagnard, où la quête de la mémoire d'une transhumance millénaire accompagne la mémoire intime du marcheur, résonne comme un hommage au lien entre hommes et bêtes. -
La France gastronome ; comment le restaurant est entré dans notre histoire
Antoine de Baecque
- Éditions Payot
- Histoire Payot
- 23 Janvier 2019
- 9782228922654
Antoine de Baecque raconte ici un moment historique de notre culture, celui où bien manger est devenu un trait spécifique de l'identité des Français. La gastronomie française est née à Paris à la fin du XVIIIe siècle. En quelques décennies, elle a conquis le monde. Avec l'invention du restaurant en 1765, puis son essor au XIXe siècle, une partie de l'identité française tient désormais à la nourriture. Chacun sait, sur la planète, que le Français aime manger, qu'il mange bien et qu'il adore en parler. Et chacun sait que c'est à Paris que cela se passe. En 9 chapitres fluides et vivants, Antoine de Baecque nous fait rencontrer Mathurin Roze de Chantoiseau, le premier restaurateur ; La Reynière, le premier grand critique gastronomique ; Antoine Carême, le premier cuisinier vedette ; Brillat-Savarin, le premier grand intellectuel de la table ; ou encore Escoffier, le premier chef moderne de la cuisine française ; et nos apprend une foule de choses, par exemple sur la première bière pression (vendue chez Bofinger en 1870), sur l'association d'Escoffier et de César Ritz qui va révolutionner la cuisine et l'hôtellerie, sur les premiers "gourmets", ou encore sur le "procès de la sauce poulette", qui permit aux restaurateurs de gagner contre les traiteurs et les aubergistes la bataille de Paris.
-
Claude Chabrol est un cinéaste à la fois célèbre et méconnu. Il fut, jusqu'à sa disparition en septembre 2010, un personnage public pendant un demi-siècle et il a, de lui-même, façonné un portrait de bon vivant gourmand, joyeux ou sarcastique. Il a attiré dans les salles françaises près de cinquante millions de spectateurs - ils ne sont pas nombreux à pouvoir en dire autant. Pourtant, son oeuvre proliférante - cinquante-sept films, vingt-trois téléfilms - n'a jamais permis à Chabrol d'entrer au Panthéon culturel du cinéma français. Aucun César, aucun prix au Festival de Cannes. Il faut donc redécouvrir Chabrol, immense metteur en scène, auteur d'une oeuvre, bien sûr inégale, mais beaucoup plus profonde et cohérente que sa réputation n'a bien voulu la dire.
Claude Chabrol adorait les entretiens ; il parlait de lui, de son travail et de ses films mieux que personne, de manière juste et subtile, sans s'aveugler ni s'envoyer des fleurs. Loin de tout narcissisme et de toute mythomanie, il a toujours voulu dire la vérité. Pour un biographe, ces confessions forment un trésor. « J'ai trois masques, disait-il, derrière lesquels je me cache. D'abord le masque de bon vivant, puis celui de vieux rigoriste, enfin celui de l'intellectuel. » En reconstituant ces trois Chabrol, en tissant ensemble ces trois fils, cette biographie dessine un portrait de la France sur trois quarts de siècle. Chabrol a filmé sa « comédie humaine », comme il en avait l'ambition en regard de ses maîtres et alter ego, Balzac, Flaubert, Maupassant, Simenon. -
L'histoire-caméra Tome 2 ; le cinéma est mort, vive le cinéma
Antoine de Baecque
- Gallimard
- Bibliothèque des Histoires
- 13 Mai 2021
- 9782072743603
Le cinéma est mort, vive le cinéma fait suite à L'histoire-caméra. Le premier livre s'attachait au rapport que le cinéma entretient avec l'histoire. Celui-ci s'intéresse au rapport que le cinéma entretient avec la mort.
Deux fils se croisent sur ce thème général. Le premier est la mort proclamée du cinéma à chacun des bouleversements techniques du 7e Art : le passage au parlant, l'apparition de la vidéo, puis celle du numérique.
Le second est la mort intrinsèque du cinéma portée par son principe même de faire vivre les morts. C'est aussi la simultanéité du développement du cinéma avec les guerres mondiales et la violence de masse : comment filmer l'horreur ? Doit-on la montrer ? Jusqu'où aller ? Où s'arrêter ? -
Juin 1789, l'Ancien Monde bascule. Les Villemort forment une longue lignée d'aristocrates, un clan soudé par l'idée ancestrale de leur sang pur, un sang dont précisément cette famille se délecte. Les Villemort, ces « talons rouges », sont aussi des vampires. Deux d'entre eux veulent renoncer au sang de la race pour se fondre dans la communauté des égaux. Ils sont les héros de ce roman oscillant entre le fantastique et le réel des journées révolutionnaires. Voici William, l'oncle revenu d'Amérique, qui a pris là-bas le goût de la liberté et épouse la cause des esclaves affranchis, s'entourant d'une garde couleur ébène. Voici Louis, le neveu exalté, beau, précipité dans l'action révolutionnaire, épris de Marie de Méricourt jusqu'à lui donner la vie éternelle. Comment échapper à la malédiction venue du fond des âges ?
-
Ma transhumance ; carnets de routo
Antoine de Baecque
- Arthaud
- L'esprit voyageur
- 27 Mars 2019
- 9782081391055
« Une métamorphose de mon être, soit la vraie expérience de la transhumance. Le fait d'épuiser ma marche, et de demeurer pourtant au coeur du mouvement, me transforme en profondeur. Mes pensées se perdent moins, je surplombe moins les choses. Je me focalise sur le troupeau qui avance devant moi. Je suis porté par sa puissance.»
De juin à octobre, randonner dans les Alpes du Sud signifie marcher en altitude en compagnie des moutons, aujourd'hui encore plus de trois cent mille bêtes se retrouvent chaque année dans les alpages d'estive. Ce moutonnement des troupeaux accompagne le marcheur comme une respiration vivante de la montagne.
Antoine de Baecque est parti sur les traces du parcours millénaire des bêtes et des hommes, cette transhumance traditionnelle disparue dans les années 1950. Il a cheminé sur les anciens sentiers de la transhumance par des voies oubliées serpentant au milieu d'un paysage que le passage des moutons a façonné. Il a inauguré la Routo, cet itinéraire de randonnée bientôt homologué GR qui chemine sur plusieurs centaines de kilomètres à travers les Alpes, entre la plaine de la Crau en Provence jusqu'au Piémont italien.
Ce récit voyageur d'un parcours montagnard, d'une quête de la mémoire millénaire d'une transhumance accompagnant la mémoire intime du marcheur, raisonne comme un hommage au lien entre hommes et bêtes, au bonheur de reprendre le cours d'une vie vécue dans et par la nature. -
« Eugénie a seize ans ; elle pourrait en avoir plus, en avoir moins, elle est restée la même depuis ses six ans, même taille, mêmes traits, même corps. Elle a juste forci. Ses jambes sont courtes et larges, ses mains nouées, son ventre proéminent, son crâne volumineux, sa peau rugueuse, épaisse et plissée, ses pommettes saillantes, ses yeux petits, enfoncés dans les orbites, ses narines échancrées, ses lèvres épaisses et pendantes, son cou doublé d'un goitre imposant. La crétine, dans son silence étouffé, git aux confins de la nature humaine. »
Au matin du 22 juin 1835, une expédition part pour les Alpes du sud. Elle est financée par l'asile de la Salpêtrière dans le but de récupérer quelques crétines. Jean-Pierre Falret, l'aliéniste qui dirige le service des idiotes du grand hôpital parisien, tient à interner ces jeunes femmes arriérées physiquement et mentalement, typiques des massifs montagneux, dont la médecine et la presse de l'époque font grand cas. Peut-on guérir le crétinisme alpin ? Doit-on éduquer ces êtres difformes et limités ? Falret veut jauger ses méthodes révolutionnaires à l'aune de cette énigme.
Le récit composé par Antoine de Baecque à partir de documents vrais, fiction dans l'histoire, s'attache à Eugénie, l'une des quatre crétines ramenées des Alpes pour vivre en cobayes au service des Petites Loges. À travers les regards portés sur elle, se révèle une personnalité rare, entre innocence et sauvagerie. -
Histoires des crétins des Alpes
Antoine de Baecque
- La Librairie Vuibert
- Vuibert Histoire
- 31 Août 2018
- 9782311102628
« Crétin des Alpes ! »
Avant d'être l'une des insultes préférées du capitaine Haddock, l'expression désigne un état prononcé de dégénérescence physique et mentale, éradiqué depuis les années 1920.
Le crétinisme est l'objet d'un débat de santé publique essentiel au XIXe siècle, suscitant une « science de l'Alpe » qui pose exemplairement la question du « grand renfermement des corps » hantant le travail de Michel Foucault. Le crétin est aussi une victime, dont le sacrifice est un scandale silencieux. Il devient le cobaye de toute sorte d'expériences, pédagogiques et chirurgicales, généralement inutiles, et a été longtemps laissé dans un état débile et difforme.
Sa revanche - une forme étonnante de fierté crétine - advient peu à peu par le travail de l'imaginaire collectif, qui en fait désormais l'un des emblèmes paradoxaux de l'identité alpine. C'est ainsi que les crétins ont, de multiples façons, tendu un miroir à la bien-pensance, ce que dévoile ce brillant essai d'histoire sur le pathétique ordinaire des « anormaux ».
Antoine de Baecque, professeur à l'École normale supérieure, a publié récemment La Traversée des Alpes (Gallimard), Les Godillots (Anamosa, Prix Lucien Febvre 2017) ou En d'atroces souffrances. Pour une histoire de la douleur (Alma). -
La France de la Révolution ; dictionnaire de curiosités
Antoine de Baecque
- Tallandier
- 11 Février 2016
- 9791021001855
La prise de la Bastille, la tentative de fuite de Louis XVI, sa déchéance, l'avènement de la République, la Terreur... Tout cela est bien su. Pourtant, que connaissons-nous de l'histoire du roi cochon et de celle du géant Iscariotte ? Des culottes de peaux humaines qu'aurait portées Robespierre et du sort réservé aux vainqueurs de la Bastille ? Du rire des députés à l'Assemblée et de l'histoire du tutoiement ? Du langage du père Duchesne et du célèbre « Ça ira ! » ? Enfin des mots inventés par ces hommes qui ne rêvèrent que de régénération et de renouveau ?
Joyeux, moqueur parfois, mais toujours rigoureux dans ses propos, Antoine de Baecque nous offre, comme sur une scène de théâtre, une farandole de mots et d'expressions, de représentations de l'événement, regard neuf et souvent bien éloigné des poncifs. -
Maurice Pialat, mort en janvier 2003, demeure comme le plus grand cinéaste français de la fin du XXe siècle. Nous en sommes sûrs désormais. Ses dix films n'ont d'ailleurs jamais autant été vus, de L'Enfance nue à Van Gogh, de La Maison des bois à Loulou ou À nos amours.
Le Dictionnaire Pialat propose, en deux cents entrées qui tentent de dire au plus près qui il était et ce qu'est son oeuvre, une manière originale, ludique et fétichiste d'explorer l'univers du cinéaste. Un monde parcouru de figures familières, de rencontres, d'acteurs et de personnages, de répliques, de récompenses ou de projets non tournés, d'obsessions, d'intérêts et de goûts, d'amitiés, de rivalités et de collaborations orageuses, de coups de gueule revenant de film en film ou passant de la vie dans le cinéma, et du cinéma dans la vie.
Cet outil offre d'indispensables repères pour voir et revoir ses films. Mais c'est également une ouverture vers l'imaginaire et la rêverie qui rend justice au talent singulier de Pialat, à son art unique d'imposer avec des vies ordinaires le roman vrai, foisonnant et vital, de notre temps, sa comédie humaine. -
Le corps de l'histoire
Antoine de Baecque
- Calmann-Lévy
- Sciences Humaines et Essais
- 1 Avril 1994
- 9782702147771
Ce livre s'efforce de poser la question de la métaphore en histoire : comment une société choisit-elle de se représenter, comment choisit-elle de se représenter, comment trouve-t-elle des formes devant lesquelles elle se dit : je suis cela ?
A la fin du XVIIIe siècle, face au gouffre creusé dans la chronique traditionnelle de la monarchie par la rupture révolutionnaire, le discours sur la politique s'appuie ainsi sur les métaphores pour proposer un récit de la fracture historique susceptible d'ordonner le cours débridé de l'histoire. Parmi ces images, celle du corps s'impose rapidement : les hommes de la Révolution se représentent la société qu'ils veulent fonder comme un corps humain, un corps humain, un corps régénéré, raisonné, colossal, plus libre de ses mouvements et mieux proportionné. L'ancienne représentation monarchique, fondée sur la métaphore traditionnelle du corps du roi, s'écroule alors pour faire place à une autre forme politique : celle du grand corps citoyen, garant d'une nouvelle souveraineté.
Choisissant des objets originaux (l'impuissance du roi, les plaies des martyrs républicains, la fabrication de monstres en politique), Antoine de Baecque suit cette autoreprésentation politique dans des images et dans des textes peu exploités jusqu'alors, comme les milliers de brochures et de gravures que l'actualité politique jette sur le marché dès le milieu des années 70. Là repose le corps de l'histoire : ces métaphores anatomiques qui portent une nouvelle organisation de l'Etat et de la société, incarnent le récit des événements et offrent aux écrivains politiques le pouvoir de redécrire le monde.
Ancien élève de l'Ecole normale supérieure, agrégé et docteur en histoire, ANTOINE DE BAECQUE est né en 1962. Ses travaux sur la Révolution (on rappellera son livre sur La Caricature révolutionnaire ) l'ont déjà imposé comme un spécialiste incontesté de l'histoire des représentations politiques. Il est également membre du comité de rédaction des Cahiers du cinéma. -
La gloire et l'effroi ; sept morts sous la Terreur
Antoine de Baecque
- Grasset
- essai français
- 5 Novembre 1997
- 9782246547396
Quel symbole plus clair du gouvernement de la Terreur que la " sainte guillotine " ? Entre l'été 1791 et celui de Thermidor an II, la mort est omniprésente dans un pays qui se voit comme assiégé. Le cadavre de l'ennemi ou du républicain est au coeur des pensées de la Révolution française. Cet essai dessine, avec la couleur de l'époque et le recul de l'histoire, sept portraits de cadavres célèbres : Mirabeau (le premier grand homme de la Révolution, Voltaire (promené nu vers le Panthéon, étendu sur un char de triomphe), Louis XVI (dont les restes sont dispersés dans une fosse commune), la Princesse de Lamballe (courtisane démembrée), le républicain Geffroy, Robespierre, et Madame Necker. Sept morts infamantes ou glorieuses, à l'époque de la nuit et des tombeaux, des mélodrames gothiques et du goût du morbide. Mais aussi la description détaillée et vivace d'un cérémonial funèbre qui est l'épreuve de vérité de tout un système politique.
-
Les Eclats du rire : La culture des rieurs au XVIIIe siècle
Antoine De Baecque
- Calmann-Lévy
- Sciences Humaines et Essais
- 11 Octobre 2000
- 9782702147764
Sans doute ne riait-on pas davantage au XVIIIe siècle qu'à d'autres moments de l'histoire de France. Par contre, sûrement riait-on différemment qu'un siècle plus tôt ou que quelques années plus tard. Les Lumières sont un âge du rire, car une culture spécifique s'est alors constituée autour du fait de rire, avec ses pratiques et ses représentations.
Ce livre explore ces manières de rire, ces sujets de rire, ces valeurs, ces débats et ces polémiques, à travers les destins croisés de groupes de rieurs qui ont donné consistance aux éclats de rire du siècle. Rire est en effet une habitude collective et le XVIIIe siècle, moment d'intense sociabilité, a vu naître nombre de ces sociétés, clubs, académies, regroupements, qui possédaient leurs règles, leurs cérémonies, leurs publications. Le Régiment de la calotte, la Société du bout de banc, l'Académie de ces dames et de ces messieurs, les Actes des Apôtres, autant de collectifs du rire qui ont leur histoire et révèlent un état de culture propre aux Lumières.
De même, ce livre est composé de destins singuliers, rieurs qui ont laissé trace de leurs éclats : Jean Ramponeau, cabaretier à la mode ; le marquis de Bièvre, virtuose du calembour ; Rivarol et ses chevaliers du bel esprit ; Cérutti qui, de la " gaieté française ", voulait faire bon usage ; le vicomte de Mirabeau, " frelon " aristocrate qui mena une guérilla comique contre la Révolution ; ou Gorsas, qui se fit, au contraire, le héraut du rire patriote... Ce livre est enfin un essai politique, puisqu'il tente de démontrer combien le rire - ou plutôt ses traditions contradictoires, satire, farce et gaieté - a compté dans les habitudes et les représentations politiques du pays, jusqu'à la Révolution française, qui s'ouvre par une véritable guerre du rire.
Antoine de Baecque est notamment l'auteur de Le Corps de l'Histoire. Métaphores et politique (Calmann-Lévy, 1993), La Gloire et l'Effroi. Sept morts sous la Terreur (Grasset, 1996). Il a également signé une monumentale histoire des Cahiers du Cinéma ainsi qu'une biographie de François Truffaut, en collaboration avec Serge Toubiana (Gallimard, 1996, prix France-Télévision, prix des lectrices de Elle). -
Antoine de Baecque est historien de la Révolution française, critique de cinéma, actuellement rédacteur en chef adjoint de Libération, responsable des pages Culture. Il a publié, chez Grasset : La Gloire et l'effroi (1997), Sept morts sous la Terreur (1997) ; chez Calmann-Lévy : Le Corps de l'histoire (1993) et Les éclats du rire (2000) ; et chez Gallimard une biographie de François Truffaut (Prix des Lectrices de Elle, 1996) qui fut un succès de librairie, vendue partout à l'étranger.
Le Livre:
En cinq ans, les deux responsables du pouvoir exécutif, Jacques Chirac et Lionel Jospin, n'ont cessé de s'opposer. Désormais les enjeux électoraux de la « présidentielle » conduisent à ce duel irréfutable. Chirac contre Jospin n'a d'autre destin que d'être un « match », de se transformer en un « duel », ce que résume, au pays des Gaulles volontiers batailleur, l'expression « combat des chefs ».
Ce combat, avec ses péripéties et ses échanges musclés, ne s'arrête pas à sa seule chronique, réjouie ou désolée. Car il propose un schéma d'opposition, une représentation de la politique, qui, en France, pays où l'incarnation sensible des valeurs a toujours été très présente, est aussi une plongée dans l'histoire. Le duel se déploie comme un récit possible, une « fiction maîtresse » aisément reconnaissable. Pour tout dire : il est la cérémonie politique par excellence. Depuis deux siècles, et la naissance de la politique moderne, l'opposition au sommet est un cas de figure devenu un cas d'école des stratégies de conquête du pouvoir.
Antoine de Baecque montre ici, à travers une série de portraits bifrons (c'est-à-dire : Georges Danton contre Maximilien Robespierre, Victor Hugo contre Napoléon III, Léon Gambetta contre Jules Ferry, Jean Jaurès contre Maurice Barrès, Léon Blum contre Maurice Thorez, Philippe Pétain contre Charles de Gaulle, Charles de Gaulle contre François Mitterrand, François Mitterand contre Valéry Giscard d'Estaing), combien le dernier duel en date, opposant Jacques Chirac et Lionel Jospin, est d'abord une représentation inscrite dans une histoire de la politique française. Le petit face au gros, l'homme d'action face à celui de la réflexion, l'austère face au viveur, l'homme du peuple face à celui des élites, le tenant face à l'outsider, sont autant de possibles du combat des chefs. Mais c'est précisément parce que les cartes sont brouillées (qui, de Chirac ou de Jospin, est le légitime, le sage, le petit, le riche, le bon vivant ?) que cette plongée dans l'histoire si particulière d'une cérémonie du pouvoir, peut être si éclairante. -
La cinéphilie fut une passion française, dévorante et exigeante. Voir des films par centaines, seul ou en bande, mais aussi en discuter, écrire, rencontrer les réalisateurs, fonder des revues, animer des ciné-clubs, se réunir, se combattre : c'est ainsi qu'à Paris, entre la Libération et 1968, les grands cinéastes du XXe siècle connurent la gloire. La cinéphilie a en effet, pour une bonne part, « fabriqué » Alfred Hitchcock, Howard Hawks, Roberto Rossellini, Jean Renoir et autres cinéastes, les plaçant au rang d'auteurs et d'intellectuels qui, à l'instar d'Aragon, de Picasso ou de John Cage, ont fait la culture du XXe siècle.
Mais qui étaient ces cinéphiles ? Antoine de Baecque trace ici les portraits de ces jeunes « mordus du cinéma » devenus critiques, cinéastes eux-mêmes, écrivains et journalistes : André Bazin, Eric Rohmer, Henri Langlois, François Truffaut, Jean-Luc Godard, Jacques Rivette, Claude Chabrol, Serge Daney, notamment. Il saisit ces grandes figures dans leur vie, leurs passions et leurs combats, au-delà même du cinéma et de son histoire : ces cinéphiles, influencés par le surréalisme, l'existentialisme, la littérature, le structuralisme, posent en effet un regard différent sur les idées, les arts et les grands débats des années cinquante et soixante.
Fondé sur le dépouillement d'archives privées, de trésors cinématographiques (les fonds Truffaut, Bazin, Sadoul, Langlois), et de revues fondatrices (L'Ecran français, les Cahiers du cinéma, Positif, Les Lettres françaises), cet essai reconstitue l'épaisseur des contextes intellectuels et politiques, et propose, à travers une douzaine de portraits de cinéphiles, de groupes, de revues et d'auteurs, la première synthèse sur la cinéphilie française en son âge d'or. Une manière d'ouvrir et d'illustrer, et avec quel brio, une autre histoire culturelle de notre temps.
Antoine de Baecque est historien et critique de cinéma. Il a été rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, a conçu un musée du Cinéma pour la Cinémathèque française, et dirige actuellement les pages Culture de Libération. Il a publié une histoire des Cahiers du cinéma (1991), des essais sur Andréi Tarkovski (1989), Manoel de Oliveira (1996), La Nouvelle Vague (1998), ainsi qu'une biographie de François Truffaut (1996, avec Serge Toubiana). Il est également historien de la culture des Lumières et de la Révolution française.
-
La montagne
Jules Michelet, Antoine de Baecque
- Le Pommier
- Les Pionniers de lécologie
- 19 Août 2020
- 9782746519626
En 1868, Michelet publie La Montagne, dont l'écriture est influencée par son épouse, Athénaïs, femme sensible aux beautés de la nature et amie des animaux. À la faveur d'un séjour alpestre, le grand historien romantique se livre à la contemplation d'un milieu a priori hostile, mais qui lui permet de penser la réconciliation entre l'homme et la création. Superbes descriptions du Mont-Blanc - « cet illustre solitaire » -, randonnées en Suisse et autour de ses lacs, détours par les Pyrénées et escapades jusqu'aux pôles ou encore à Java... Dans ces pages, les montagnes de glace des icebergs croisent les volcans. Empruntant à l'essai scientifique, lorsqu'il s'intéresse aux périodes glaciaires, à l'effet de foehn ou encore à la botanique, ce livre est surtout un hymne à la grandeur de la nature, où la montagne, géante apparemment immuable, apparaît sous les traits d'un être vivant, traversé par mille et un bouleversements - nuages restant accrochés aux crêtes, fonte des neiges, torrents. Avec Michelet, « la montagne est une initiation ».
-
Eric Rohmer ; biographie
Antoine de Baecque, Noël Herpe
- Stock
- Essais - Documents
- 3 Janvier 2014
- 9782234075900
Que sait-on d'Éric Rohmer, sinon qu'il incarne une manière très française et très raffi née de faire du cinéma ? De lui, on connaît quelques titres : Ma nuit chez Maud, L'Amour, l'après midi, Les Nuits de la pleine lune... On sait aussi combien le cinéaste aimait fi lmer de jeunes et jolies femmes, les « rohmériennes », d'Arielle Dombasle à Rosette, de Pascale Ogier à Marie Rivière... On se souvient encore qu'il lança plusieurs acteurs, qui devaient faire leur chemin sans lui : Jean-Claude Brialy, Fabrice Luchini ou Pascal Greggory.
Mais sait-on par exemple que l'ensemble de ses vingt-cinq longs métrages ont attiré en France plus de huit millions de spectateurs, et quelques millions d'autres autour du monde ? Sait-on qu'un autre homme, Maurice Schérer, se cachait derrière le pseudonyme d'Éric Rohmer, tant il aimait s'inventer des doubles et masquer son visage derrière ses films ?
Voici la première biographie d'Éric Rohmer : puritain et esthète, catholique pratiquant et amoureux de la beauté sous toutes ses formes, rédacteur en chef des Cahiers du cinéma et homme de télévision, citoyen désengagé, nostalgique de l'Ancien Régime - qui aura fi ni par voter écologiste. Un homme riche de ses contradictions, et de l'extraordinaire diversité de ses curiosités artistiques.
Nourri d'archives inédites, ce livre dessine le portrait d'un grand metteur en scène qui fut également écrivain, dessinateur, compositeur, producteur et parfois même acteur ! Un véritable homme-orchestre, pour qui le cinéma fut la somme de tous les arts.
-
Mona Ozouf, portrait d'une historienne ; y a-t-il une crise du sentiment national ?
Antoine de Baecque, Patrick Deville, Mona Ozouf
- Flammarion
- Hors collection
- 13 Février 2019
- 9782081474802
Sur invitation du romancier Patrick Deville et emmenés par l'historien Antoine de Baecque, des historiens, des chercheurs et des auteurs de tous horizons - Michelle Perrot, Nicole Le Douarin, Pierre Nora, Michel Winock, Jacques Revel, Pierre Birnbaum, Chantal Thomas... - conversent. Ils se sont réunis pour échanger autour - et en présence - de l'historienne Mona Ozouf.
Avec complicité, les historiens dialoguent, abordant avec Mona Ozouf son ancrage breton, ses années étudiantes et ses amitiés («la bande à Furet», «les dames du Femina»...). Ils retracent aussi son parcours intellectuel : la Révolution française et sa descendance politique, le féminin et le littéraire, la nation et l'école de Jules Ferry... Autour de ces thèmes majeurs de la vie et de l'oeuvre de Mona Ozouf se tressent débats, échanges scientifiques et souvenirs émaillés d'anecdotes.
De ces rencontres est né ce livre en forme de conversation - à moins que ce ne soit l'inverse. Plus encore que la richesse et la fécondité d'une oeuvre, et la place profondément originale qu'elle occupe au carrefour de l'histoire, de la littérature et des idées en France, c'est en effet l'amitié qui cimente ce portrait d'une historienne emblématique de la vie intellectuelle française.