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Laurence Kaufmann
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Qu'est-ce qu'un collectif ? ; du commun au politique
Laurence Kaufmann, Danny Trom
- Éditions de l`École des hautes études en sciences sociales
- 2 Juillet 2020
- 9782713230981
Qu'est-ce qu'un collectif ? L'usage, volontaire, du substantif suggère que « collectif » renvoie non pas à une qualité, à un mode d'action ou à un type de processus, mais à une personne, un individu ou un sujet collectif. Donnant la parole à des auteurs de différents pays et de diverses traditions de pensée, les textes rassemblés font le point sur les débats, actuellement vifs en philosophie et en sciences sociales, concernant l'analyse des collectifs, et proposent des solutions originales aux problèmes qu'elle pose.
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L'invention de la société ; nominalisme politique et science sociale au XVIII siècle
Laurence Kaufmann, Jacques Guilhaumou
- Éditions de l`École des hautes études en sciences sociales
- 2 Juillet 2020
- 9782713230929
Parler d'« invention » de la société peut surprendre, du moins d'un point de vue de sens commun. Pourtant la société est bien une création socio-historique, esquissée au xviie siècle et couronnée au xviiie siècle. Elle fait partie de ces entités qui adviennent à l'existence à travers les concepts utilisés pour les désigner. Le terme désigne un regroupement déterminé par la volonté humaine, qui ne peut se transformer en corps politique que par un contrat social dans lequel les sociétaires s'engagent de leur plein gré. La matrice intellectuelle de cette invention est une métaphysique nominaliste qui s'impose, à la fin du xviiie siècle, dans les discours et les pratiques politiques. Déniant toute réalité aux « abstraits réalisés », cette métaphysique accorde une primauté systématique aux individus. Aussi la société inventée est-elle « une société des individus » : ceux-ci deviennent les termes premiers d'une association qui leur garantit l'indépendance tout en étendant leur liberté dans une certaine forme de dépendance réciproque. Un autre volet de cette invention est l'idée d'une science du social. Mais la science projetée ne se restreint pas à une investigation d'ordre intellectuel. Elle doit contribuer à instaurer et à réglementer les institutions citoyennes. Elle doit être une science appliquée, à vocation « correctrice » et régénératrice. L'idée d'une telle science est étroitement liée à l'émergence de l'idéologie : c'est à elle qu'il appartient dorénavant de fonder en raison les institutions et les significations du monde social.
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Les émotions collectives
Laurence Kaufmann, Louis Quéré, Collectif
- Éditions de l`École des hautes études en sciences sociales
- 20 Novembre 2020
- 9782713231803
La plupart des recherches reconnaissent à présent que les émotions, loin d'être des impulsions irrationnelles, sont au contraire des médiations cognitives et des appuis pratiques dont aucune action ne saurait se passer. Cette réhabilitation des émotions s'est vue toutefois reprocher son absence d'intérêt pour les sentiments diffus et la résonance parfois indisciplinée des corps. Or, ce sont précisément ces échappées affectives que l'on retrouve de façon particulièrement vive dans les émotions collectives. Ces dernières, sans corps propre, semblent disparaître ou s'évaporer dès que l'on s'en approche de trop près. Comment alors identifier avec certitude les émotions souvent « liquides » ou « gazeuses » qui sous-tendent et animent les conduites publiques ? Et comment les mettre en mots analytiques ? Pendant longtemps, une des façons de résoudre cette question a consisté à associer les émotions collectives aux moments d'effervescence qui leur confèrent une réalité tangible. Mais il y a des manières moins visibles de « partager » les émotions, y compris à distance, notamment par l'intermédiaire des médias ou des réseaux sociaux, qui infléchissent tout autant les comportements. À ces problèmes épistémologiques et méthodologiques s'ajoute un problème ontologique : si l'émotion exige par définition un point d'ancrage corporel et donc singulier, comment peut-elle devenir collective et impersonnelle ? C'est dire si les émotions collectives ravivent certaines questions fondamentales des sciences sociales, notamment celles concernant les liens entre l'expérience individuelle et l'appartenance collective, l'événement éphémère et les sensibilités au long cours, la co-présence des corps et les liens à distance, l'imprévisibilité du ressenti et l'organisation rituelle des conduites. Objet épistémologique et ontologique impossible, l'émotion collective n'en est pas moins un phénomène social que les enquêtes théoriques et empiriques de ce volume tentent, chacune à leur manière, de « sauver ».