Filtrer
Éditeurs
Bayard Récits
-
Cet ouvrage est d'abord l'histoire d'une découverte : au cours de ses recherches pour son roman Les Services compétents - dans lequel il raconte l'arrestation en 1965 de son père Andreï Siniavski, dissident soviétique -, Iegor Gran met la main sur un document inespéré : Le Recrutement des agents. Un livre russe daté de 1969, numéroté, imprimé à cent exemplaires. Sa fonction ? Enseigner aux jeunes recrues du KGB l'art subtil du recrutement des agents de renseignement étrangers.
Iegor Gran nous accompagne dans la lecture de ce manuel qu'il a lui-même traduit. Sa voix, entrelacée dans le texte original, nous apporte les éléments de contexte nécessaires : comment entre-t-on dans une école du KGB, qu'y fait-on, comment se déroulent les examens, etc. ? En parallèle, il évoque l'aventure personnelle que représente pour lui la plongée dans cette traduction, ses éclats de rire et ses dégoûts, la proximité que l'on peut avoir avec ce document,l'étrange effet hypnotique qu'il produit.
Convaincre ou contraindre : voilà ce qu'apprend l'officier du KGB. De l'identification de la « piste » au recrutement lui-même, le protocole est très strict, mais l'officier est aussi invité à faire preuve de créativité. Une progression s'installe, une intrigue, presque, avec comme point culminant la « conversation de recrutement ».
On oscille de l'ultra concret au très vaste projet social et politique. On passe du conseil de bienséance - ne pas boire exagérément pendant un recrutement - aux astuces de surveillance, filature, chantage et organisation, le tout incarné par une multitude d'exemples : Thomson, le facteur ; Harley, représentant chez Philips ; Verdi, artiste critique envers la politique américaine ; Fée, dactylo au sein d'une mission diplomatique...
Ce manuel n'est pas seulement une machine à voyager dans le temps. C'est une relique échappée d'un lieu obscur, un sauf-conduit vers un donjon inaccessible au simple mortel. Et un outil, aussi, pour comprendre la Russie d'aujourd'hui. -
"Je suis tombé fou amoureux de Hong Kong il y a quarante ans. Pendant toutes ces années, j'ai été témoin de son histoire : sa qualité de colonie britannique à mon arrivée, sa rétrocession à la Chine en 1997, l'ouverture et l'essor économique de la Chine, et puis la main de fer chinoise qui s'est resserrée, lentement mais sûrement, sur cette région autonome. Le mouvement des parapluies, en 2014, puis les manifestions de 2019 m'ont fait prendre conscience d'un basculement. Et le Covid a définitivement fait exploser ma colère contre la Chine, qui menace nos valeurs humanistes et démocratiques."
-
À l'heure du réchauffement climatique, peut-on détruire des jardins ouvriers pour y installer un spa et un solarium ? La réponse semble évidente et pourtant, pendant plusieurs années, un tel projet a mobilisé des élus locaux et des équipes municipales. Ève Charrin se donne ici pour mission de comprendre et de démêler les mécanismes aveugles qui ont failli recouvrir de béton des jardins verdoyants, situés à proximité du périphérique parisien. Au fil de son récit, jardiniers en colère, militants déterminés, responsables institutionnels ambivalents prennent chair sous nos yeux. Une narration alerte et sensible qui offre une critique éclairée d'un projet d'artificialisation des sols comme il en existe de nombreux sur nos territoires.
-
Les gens ordinaires ne portent pas une mitraillette
Artem Chapeye
- Bayard Récits
- Bayard récits
- 7 Février 2024
- 9791036367731
Au lendemain de l'invasion de son pays par la Russie, l'écrivain ukrainien Artem Chapeye décide de s'engager dans l'armée. Ce choix spontané va marquer les mois, les années à venir et même la vie de l'auteur. Rédigé sur le front, ce récit est celui d'une personne ordinaire qui n'aurait jamais dû porter une mitraillette si la guerre n'avait pas été déclarée. Son enrôlement dans "la résistance" va ébranler ses convictions politiques et bousculer sa vie familiale et amicale. À travers un texte poignant et intimiste, l'auteur partage le quotidien émotionnel d'un soldat et interroge la manière dont nos choix font notre identité, dans un contexte de conflit armé comme dans chaque moment de vie où le destin bascule.
Traduit de l'ukrainien par Iryna Dmytrychyn
Ce livre a été publié avec l'aimable autorisation des éditions Bleu et Jaune. -
Journaliste et mère de famille installée en région parisienne, Coralie Garandeau répond sur un coup de tête à un appel à bénévolat au sein de l'association Wings of the ocean. Elle s'embarque ainsi pour un mois avec des jeunes qui mènent des actions de dépollution des plages en logeant sur des voiliers. Avec elle, on partage la vie du collectif aux côtés du président hyperactif, de la vice-présidente modèle, de la chargée de communication stressée ou des capitaines des trois bateaux à peine plus âgés que ses fils. À travers cette expérience, Coralie Garandeau interroge le rapport au groupe, la capacité à aligner ses convictions écologiques avec son mode de vie et le degré de radicalité nécessaire pour protéger la planète.
-
Charif Majdalani est passionné par les mélanges culturels et les identités plurielles, dans toute leur richesse, drôlerie et complexité. Il nous fait part de ses réflexions sur ces sujets alors qu'il revient d'un voyage lointain et qu'il survole de nombreux lieux qui le font rêver, avant d'atterrir à Beyrouth, sa ville, son lieu de vie, si emblématique de ces carrefours de populations.
Il part alors à la rencontre d'une vingtaine de personnes qui lui confient leur parcours et leur histoire familiale. Charif Majdalani les retranscrit dans un style littéraire à la façon de Svetlana Alexievitch dans "La fin de l'homme rouge". Racontés à la première personne du singulier, ces récits incarnent des vies faites d'exil, d'émigration, de guerres, d'identités religieuses multiples ou d'amours contrariés. Comme Rawwad, chrétien et premier de sa classe en cathéchisme qui apprend de la bouche du directeur de son école qu'il est musulman par son père et juif par sa grand-mère. Ou Jenny, philippine, femme de ménage devenue esthéticienne, qui se désole de comprendre trop tard que rien n'a remplacé sa présence auprès de ses filles restées au pays. Ou encore Marylin, qui doit attendre de tomber sur son ancien amoureux par hasard dans les rues de Singapour, loin de sa famille libanaise désapprobatrice de cette union, pour oser se mettre en couple avec lui et avoir un enfant.
A travers ces monologues, Charif Majdalani dresse un portrait en kaleidoscope de Beyrouth, du Liban et de sa région, à l'image des croisements infinis qui se rencontrent partout dans le monde. Et offre un livre à la fois érudit et vibrant. -
Un récit à deux voix, celles de l'autrice et de sa mère, sur la transmission et la mémoire traumatique.
Peut-on aimer quand on a survécu à l'horreur ? Comment trouver sa place quand on vient après ? Ce texte autobiographique est une rencontre inespérée entre une mère rescapée des camps de concentration et sa fille qui lutte pour grandir. C'est aussi un récit universel qui sonde la manière d'être au monde après un trauma et son empreinte sur la relation mère-fille. -
Elle rêvait de faire les Beaux-arts, elle a été mère de famille de cinq enfants. Avec humour et finesse, Joséphine Lebard retrace le parcours de sa grand-mère disparue et revisite la figure des femmes au foyer pendant les Trente Glorieuses. Des millions de vies restées dans l'angle mort des féministes comme des sociologues.
Entre souvenirs personnels sensibles et approche documentaire, l'autrice montre comment ces femmes ont joué, presque malgré elles, un rôle dans le destin collectif des femmes au XXe siècle et jusqu'à aujourd'hui. -
Naïri Nahapétian a vu sa vie basculer à l'âge de 9 ans, au moment de la révolution islamique en Iran. Elle quitte Téhéran pour Paris avec sa mère, pensant revenir quelques semaines plus tard. Mais l'exil dure. Et son père ne les rejoint pas. Des années plus tard, après une profonde dépression, Naïri se lance dans une enquête familiale pour comprendre ce qui a empêché son père de s'installer à Paris avec elles.
Des avenues chics du XVe arrondissement aux rues embouteillées de Téhéran, Naïri remonte le fil de ses souvenirs d'enfance en Iran, de son intégration dans la France des années 80 et de ses expériences de jeune femme. Tout en cherchant à résoudre l'énigme de l'interdiction faite à son père de quitter l'Iran, elle mène une réflexion sur le port du voile et sur la place des femmes dans la société iranienne comme française. Elle livre aussi une analyse de la vie politique contemporaine en Iran, dont elle est une experte reconnue en tant que journaliste.
A travers son parcours de vie, on découvre l'Iran et ce qu'a signifié la révolution islamique en particulier pour la minorité arménienne dont Naïri est issue. On saisit aussi combien une histoire familiale peut être marquée du sceau de l'histoire politique d'un pays. -
"Tout au long de ce livre défilent des sportifs exilés, des grands noms de l'art conceptuel, des infirmiers internationalistes, des musiciens célèbres ou underground, des poètes dissidents, des migrants qui traversent l'Amérique centrale, des fugitifs recherchés par le FBI, des sans domicile fixe et des suicidés, des revendeurs au marché noir, des balseros schizophrènes et les ivrognes, les flics et les travestis des nuits trépidantes de La Havane.
Ces personnages dessinent un tableau que je livre tel quel. Je n'ai pas cherché à les y intégrer ou à ne pas les y intégrer, ni à démontrer à travers eux une thèse, ni à trouver dans leurs histoires un nouveau fil conducteur ou une marque de fabrique cubaine. C'est la mise en scène d'un pays."
Traduit de l'espagnol (Cuba) par Isabelle Lauze -
"Moi de mon côté, j'ai déjà dans l'idée de passer un an dans un commissariat. À l'heure où la police fait l'objet d'incessants débats, je veux comprendre ce que c'est, qu'être flic. Entrer dans leur tête. Raconter ce qui se passe, surtout quand il ne se passe rien, ou pas grand-chose. Raconter le quotidien : les contrôles, la paperasse, les découvertes de cadavre, les autopsies, les points de deal, les auditions, les accidents... Raconter les découragements. Que font les policiers, concrètement, et avec quels gestes ? Quels ordres reçoivent-ils et pourquoi ? Et quelles sont leurs limites ?" Mikael Corre