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Bibliothèque malgache
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Victor Bâton, ou plutôt Bâton Victor, comme il dit quand il se présente avec un sens formel qui l'honore en même temps qu'il donne l'impression d'être au régiment, cherche à passer inaperçu même quand personne n'est là pour l'observer : il se lave courbé, marche de même, passe les portes de profil (l'angle sous lequel il préfère se voir dans un miroir), prend garde à ne pas déranger, à ne pas faire un geste inconvenant, fournit des explications pour des comportements qui n'ont pas besoin de commentaires, craint de mal faire, ou que son attitude, bien que calculée au plus près de ce qu'il pense être correct, soit mal interprété... Timide et mou, indécis, il est un homme gris comme ceux auxquels aimera à s'attacher Simenon, un peu plus tard. (Il n'a pas fallu attendre certain roman érotique pour savoir qu'il y avait plus d'une nuance dans le gris.) Sinon que, dans sa volonté trop marquée de ne pas se faire remarquer, Victor Bâton paraît empoté, ce qui se remarque, et il s'en trouve gêné.
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Cette histoire d'un jeune mythomane (ou peut-être d'un jeune héros empêtré dans ses aventures) dont les récits étranges exaltent et déçoivent tour à tour, qui promet de livrer son secret et qui se reprend aussitôt, non sans laisser dans l'esprit de quoi l'inquiéter, cette histoire sardonique et douloureuse, coupée de sursauts plaisants, est un des plus singuliers documents que nous ayons sur la Chine d'hier, parée de ses soies brodées d'or et des prestiges de son passé. - Elle est aussi, elle est surtout la description, minutieuse en sa cruauté, du rêve auquel on demande trop, qui se ternit quand on l'éclaire, qui se brouille quand on tâche d'en tirer la vérité qu'il sous-entend, suppose mais n'expose pas ; livre amer et poignant, vivant et contrasté, où, du personnage principal, le lecteur se défie autant que s'en défiait l'auteur lui-même, et qui se termine, en quelque sorte, par un point d'interrogation.
Gilbert de Voisins, La Nouvelle Revue française. -
Une passionnante chronique de Thomas Clerc dans Libération, le 24 février 1917, tire soudain la Bibliothèque malgache d'un côté où elle ne pensait pas aller. Dans ce texte, «Lire ses ennemis», il raconte comment il demandait à ses étudiants, qui ont à peu près tous lu au moins un livre d'Émile Zola, s'ils ont lu un livre de Maurice Barrès. Personne.
Or, insiste Thomas Clerc: «Il est toujours instructif de lire ses ennemis.» En voici un dont la pensée est à la source - non lue, non dite - d'une bonne partie de l'extrême droite française.
Cela mérite, pour le moins, d'être lu. Raison pour laquelle nous proposons aujourd'hui, à quelques jours en France du premier tour d'une élection présidentielle indécise, une version au moins lisible de ce roman. -
Le 1er janvier, Tristan Bernard (1866-1947) entre dans le domaine public et, avec quatre titres, dans la catalogue numérique de la Bibliothèque malgache (collection « Bibliothèque littéraire »).
Plus connu peut-être pour ses traits d'esprit que pour ses oeuvres, il a lui-même contribué à faire oublier que celles-ci sont pleines de ceux-là.
Voici l'occasion de le vérifier, et de s'en réjouir.
Mémoires d'un jeune homme rangé, premier roman en solitaire d'un écrivain qui ne s'y était risqué, auparavant, qu'en compagnie, préférant écrire des pièces de théâtre pour mettre en valeur ses qualités de dialoguiste. Daniel Henry y cherche son personnage, comme un comédien qui ne saurait quel habit endosser. Ses vêtements causent d'ailleurs quelques soucis à un jeune homme toujours en train de se demander comment le voient les autres. Et les réponses qu'il apporte lui-même ne le satisfont guère, jusqu'au moment où Berthe Voraud semble s'intéresser à lui. Mais le chemin vers leur union est tortueux.
Supplément
Une étude de caractère, sans faire l'économie de l'aspect physique (« Il est gras ; il n'est pas rose. »). Parue dans La Presse en 1900, elle est signée Francis de Croisset : « Il a l'observation minutieuse et analytique. Il scrute le coeur humain à coups d'épingles. Il le fouille de ses ongles courts, avec le plaisir aigu et chatouilleur qu'on ressent à gratter un bouton. » -
Le 27 mars 1926, le supplément littéraire du Figaro publie un extrait de Chalet 1 que les lecteurs découvrent ainsi en avant-première : « Sous ce titre, M. André Baillon va faire paraître, chez les éditeurs Rieder & Cie, un roman qui est un peu la suite d'un Homme si simple. Il fait défiler devant nos yeux, dans ce livre, toutes les figures qu'il a rencontrées durant les mois douloureux qu'il a passés là-bas, malades, médecins, infirmières, visiteurs. »
Par ce livre « étrangement émouvant », Henry Bidou semble avoir été bouleversé, à en croire son article de La Revue de Paris : « ce récit sans ornements et sans phrases est un des plus poignants qu'on puisse lire. Le peuple de ces êtres puérils, diminués, instinctifs, chimériques, tantôt isolés, tantôt réunis en un seul être collectif, forme un tableau saisissant. [...] Drames naissants, ruses, machines, humeurs subites, affolements, toute l'humanité est dans ce petit livre. Pour connaître les hommes, regardez les fous. »
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À la sortie d'Un homme si simple, Raymond Cogniat rencontre André Baillon pour Comoedia. L'entretien paraît dans le numéro des lundi et mardi 1er et 2 juin 1925 : « M. André Baillon parle comme il écrit, simplement, sans affectation, sans mots inutiles ; il répond en quelques mots aux questions qu'on lui pose, même lorsqu'elles sont indiscrètes ; il s'exprime brièvement, mais sans hâte, et attend de nouvelles questions. »
Ce qu'il explique ? Comment il voulait raconter ce qu'il avait vu et vécu à la Salpêtrière. « J'avais fait un premier séjour de deux mois environ il y a deux ans ; l'année dernière, j'y suis retourné une quinzaine de jours. » Comment aussi il a été entraîné, « presque contraint », à écrire d'abord sa propre histoire. Il ne se masque pas derrière la fiction : « Les femmes dont je parle existent, et aussi la petite Micheline, et le docteur avait raison : elle était l'épine qui empêchait ma guérison. Quand je terminai ce livre, j'en fus débarrassé ; dès qu'on connaît les causes de son mal, on est presque guéri. »
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La splendeur lyrique des tableaux de l'usine en travail ne parvient pas à étouffer la puissante émotion humaine dont ces pages de douleur sont lourdes. La vie d'un laminoir n'est que le cadre d'une action où évolue, de la tendresse jeune aux plus sombres péripéties du malheur et du vice, un couple ouvrier. (Léon Bazalgette.)
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«Baillon ayant été aussi journaliste, vient de nous donner: "Par fil spécial". Un beau sujet! C'était amusant de le chiper à Pierre Hamp, et de le traiter comme Pierre Hamp ne le traitera jamais. Pierre Hamp aurait tout dit sur la matière, et y aurait ajouté quelque chose. Baillon ne dit que ce qu'il a vu, comme il l'a vu, et ne dit pas tout, et, ma foi! n'a pas l'air d'ajouter, d'inventer quoi que ce soit... Baillon, journaliste, a fait un livre charmant sur le journalisme, une histoire de servitude gaiement comprise, l'histoire de Baillon qui échappe facilement à la servitude par une poétique philosophie. Oui, mais Baillon n'a pas tout dit, loin de là. Et ce qu'il tait, c'est la raison pour laquelle on fabrique si mal un journal. Mon ami Baillon, vous avez bien de la chance d'aimer en psychologue et de travailler en poète: vous, si malin, vous manquez un peu de méchanceté... Nous vous aimons, vous vous amusez fort, vous êtes un merveilleux peintre de vie, nous sommes contents de vous, mais non tout satisfaits.» (Parijanine, "L'Humanité", dimanche 30 mars 1924.)
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Henri de Régnier (1864-1936) serait un écrivain presque oublié aujourd'hui si Bernard Quiriny ne lui avait, en 2013, consacré un essai qui donne envie de retourner vers son oeuvre. En particulier vers ce singulier recueil de trois nouvelles dont deux se déroulent à Venise. Elles sont pleines d'une rêverie dont l'objet est presque indéterminé. Elles mettent en scène des collectionneurs, des antiquaires, des érudits dans le décor de maisons anciennes chargées d'un passé mystérieux.
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« Ces Lectures pour une ombre, ce sont bien des récits de campagne, mais on n'en connaissait point encore de ce style. C'est mieux que la guerre en dentelles ou en gants blancs, c'est la guerre en tenue de tous les jours, la guerre accueillie avec une sorte d'indifférence polie et narquoise, comme un incident un peu gros auquel il faut bien assister et prendre part, mais sans lui permettre de nous émouvoir ni surtout de rien changer à nos habitudes d'esprit. Pas de grands mots, pas de grands gestes, pas de drame ! Le stoïcisme en quelque sorte mondain de M. Jean Giraudoux met son point d'honneur à éviter toute manifestation inutile et à ne manquer sous aucun prétexte aux règles du savoir-vivre. » (Le Temps)
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«C'est un drame rustique, farouche, émouvant, complexe, dont les personnages luttent et crient, et tuent pour l'honneur, pour l'argent, pour la terre surtout qui semble s'animer et devenir une vivante héroïne; tout cela est d'une intensité, d'une vigueur extraordinaires. À travers tout le livre il passe comme un large souffle, une senteur âpre et forte de nature et de vérité, et je ne crois pas que M. Camille Lemonnier ait rien écrit de plus poignant et de plus fort...» (Ph.-Emmanuel Glaser, "Le Figaro", dimanche 9 décembre 1906.)
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Une femme doit-elle retrousser sa robe en marchant ?
C'est l'une des questions fondamentales auxquelles Balzac parvient quand il publie, en 1833, sa Théorie de la démarche dans L'Europe littéraire. Il avait eu le projet, finalement avorté, d'intégrer à La Comédie humaine quelques textes qui, pour lui comme pour les spécialistes, sont devenus plutôt des annexes. Il imaginait « quatre ouvrages de morale politique, d'observations scientifiques, de critique railleuse, tout ce qui concernait la vie sociale analysée à fond ». Il a fait mieux que les imaginer, puisqu'il les a écrits, au moins en partie. Outre Théorie de la démarche, il y incluait Traité de la vie élégante et Traité des excitants modernes.
Mais c'est la démarche, ou la marche, qui nous intéresse ici pour ouvrir la collection dédiée à ce mouvement humain. Comment Balzac s'étonne qu'elle n'ait pas été davantage étudiée par les savants, quelle place elle occupe dans la vie sociale, ce qu'il peut en dire par l'observation et la réflexion. Tout cela avec un esprit de sérieux souvent démenti par lui-même : « Ici, je serai toujours entre la toise du savant et le vertige du fou. »
À bon entendeur... -
Il ne fait pas toujours bon montrer au pays colonisateur ce que les bien-pensants ne veulent pas savoir de leurs territoires lointains et quelles moeurs s'y pratiquent. Dans Romans-revue, où l'on lit, lèvres pincées et yeux furibards, toute une production littéraire où l'exotisme s'exacerbe en érotisme, Charles Renel est salué en décembre 1923 pour sa connaissance du pays et la qualité de la description qu'il en fait. Quant au «Décivilisé», il reçoit un jugement sans appel: «Le livre est mauvais: il a pour la vie sensuelle des noirs et pour les moeurs déplorables de ces pays des complaisances scandaleuses; il fait bon marché des missions catholiques; il prêche des idées fausses et injustes.» Romans-revue, faut-il le préciser, est une publication catholique qui revendique la propagande de la foi. L'incompatibilité est totale.
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Madagascar en livres - Janvier 2023 - n° 1
Collectif
- Bibliothèque malgache
- 10 Janvier 2023
- 9782373630961
Éditorial
Patrimoine
Jean-Joseph Rabearivelo Une biographie (Extrait)
Rabemananjara, une poésie de légitime défense et un étendard
Parutions
Pierre de Chevigné, le « pacificateur »
Des lémuriens lettrés nageant d'une île à l'autre
Ambatomanga : le chant silencieux de la douleur
Madatrek, suite (et pas fin)
Au pays tanala
Alphonse Mortages, sa vraie vie
Révoltes à Madagascar : une insurrection peut en cacher une autre
Le rivage n'est plus la frontière
Sur la couverture, Pierrot Men
Profession
« Lettres de Lémurie », l'élégance au service de la qualité
Ambohijatovo, l'espoir du renouveau
Pages d'écriture
La forêt de Vohibola (extrait)
Du vivant de l'auteur
Au pays des 4L jaunes -
L'Éthiopie est le cadre d'un récit de voyage qu'André Ruyters publie dans la N. R. F. et que nous reproduisons ici. La première partie (octobre 1911) s'intitule simplement « Addis-Abeba », les deux suivantes (décembre 1911 et mai 1912) prennent le titre que nous avons choisi pour cette édition. Il est trompeur puisque la destination n'est pas atteinte dans les pages publiées, alors que le voyage se poursuivit bien jusqu'à Djibouti, d'où il comptait embarquer le 3 mai pour arriver à Marseille le 14 - il donne ces dates à André Gide sur une carte postale envoyée d'Addis-Abeba le 8 avril.
La caravane, tant bien que mal, se met en marche et André Ruyters raconte les paysages, les hommes et les femmes, les coups de fusil, les bonnes et les mauvaises rencontres... C'est vif, non exempt des préjugés de l'époque. Les traits de femmes croisées au retour de leur corvée d'eau sont épaissis par « le sang impur du nègre ». Dans la facture de cases grossières, « on sent la main du nègre ». N'en jetez plus... -
Le personnage duquel s'inspire André Ruyters se trouve dans une parabole rapportée par Luc : « Il y avait un homme riche, qui était vêtu de pourpre et de fin lin, et qui chaque jour menait joyeuse et brillante vie. Un pauvre, nommé Lazare, était couché à sa porte, couvert d'ulcères, et désireux de se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche ; et même les chiens venaient encore lécher ses ulcères. Le pauvre mourut, et il fut porté par les anges dans le sein d'Abraham. Le riche mourut aussi, et il fut enseveli. »
Ce riche, considéré donc comme mauvais, est puni de son comportement parmi les vivants quand il gagne le séjour des morts. Mais, écrivant à Luc (qui, rappelons-le au passage, diverge singulièrement de Jean en rapportant cette histoire), Le Mauvais-Riche argumente sur de tout autres valeurs. Qui traversent également, comme on le verra, les différentes parties de l'ouvrage. -
Quand L'Ermitage commence à publier Le tentateur, en mars 1903, les deux premiers chapitres sont insérés entre un poème de Francis Vielé-Griffin, Sainte Marguerite de Cortone, et la quatrième partie de Specimen Days, de Walt Whitman. Sept livraisons, jusqu'en septembre, accueillent l'intégralité d'un roman que la « Collection de l'Ermitage » éditera en volume l'année suivante. « Vient de paraître », annonce la revue de juin 1904.
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Le dernier texte de fiction que publie André Ruyters ne paraîtra jamais en volume - sauf en 1988 dans le tome III des OEuvres complètes établie et annotée par Victor Martin-Schmets au Centre d'Études Gidiennes et, désormais, ici.
Si l'intégralité du texte de L'Ombrageuse est connue, c'est d'abord qu'il a été réparti sur quatre livraisons de La Nouvelle Revue française, d'octobre 1910 à janvier 1911, à raison d'environ 35 pages mensuelles, soit, sans y regarder de trop près, un quart de chacun de ces numéros (la pagination est variable). Ce n'est pas rien... -
Le Coeur des Ténèbres
Joseph Conrad, André Ruyters
- Bibliothèque malgache
- 1 Janvier 2023
- 9782373630954
En 1889, le capitaine Joseph Conrad Korzeniowski se trouve dans la même situation que Marlow au début de l'ouvrage : en attente d'un commandement. Celui-ci vient d'une proposition faite par la Société Anonyme belge pour le Commerce du Haut-Congo qui, bien qu'elle tarde à se concrétiser, débouche sur un engagement : commandant « d'un petit vapeur sur le Congo ». Le 7 mai 1890, il signe son contrat à Bruxelles, le 10, il embarque à Bordeaux pour Matadi.
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Manuel du plus que parfait arriviste littéraire
Anonyme
- Bibliothèque malgache
- 17 Mars 2015
- 9782373630121
Fouiner dans les vieux journaux réserve parfois de jolies surprises. Celle-ci, par exemple : une série d'articles publiée dans "L'Aurore" à partir du 15 juin 1914, et à peu près jusqu'à l'interruption du quotidien - le numéro du dimanche 2 août 1914 annonce la suspension de la parution en même temps que le départ du directeur, Marcel Brossé, parti rejoindre son corps - il est chef d'escadron du 13e régiment d'artillerie. Le feuilleton que voici détaille, chapitre après chapitre (courts, les chapitres), toutes les techniques à mettre en oeuvre pour connaître le succès. Cent ans plus tard, rien n'a fondamentalement changé même si le contexte a évolué. Rapportés à notre époque, ces conseils ont gardé toute leur saveur. Cette série, intégrée à la rubrique "Courrier littéraire", n'est signée que du pseudonyme collectif qui revient au bas de chacune de ces chroniques: Les Routiers.
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De la littérature industrielle, suivi de Honoré de Balzac et la propriété intellectuelle
Charles-Augustin Sainte-Beuve
- Bibliothèque malgache
- 1 Mai 2015
- 9782373630169
En septembre 1839, Sainte-Beuve publie dans la "Revue des Deux Mondes" un article qui n'a pas fini de faire parler de lui tant il semble avoir été écrit pour notre époque où la confusion la plus totale règne entre l'auteur, ses livres, sa notoriété, ses frasques, et mettez tout cela dans le désordre vous obtiendrez une image certes peu claire mais assez ressemblante de l'état de la librairie, au sens large. "De la littérature industrielle" occupe dix-sept pages de la "Revue". Il répond à une lettre que Balzac avait publiée le 18 août dans "La Presse". Nous donnons en annexe la lettre, rarement jointe dans ce contexte, car sur elle reposent bien des arguments de Sainte-Beuve. Il déborde cependant d'une simple réponse. Le critique se plaint de ce qu'on écrit trop, et trop mal, sans se soucier de faire oeuvre. Et les journaux qui acceptent les annonces payantes pour les nouveautés font naître le soupçon sur leurs articles littéraires, si bien qu'à la fin, au lieu de prospérer, le commerce du livre s'étiole puisque les lecteurs n'ont plus confiance dans la qualité de ce qu'ils achètent. La littérature industrielle est, selon Sainte-Beuve, un mal qu'il est nécessaire de contenir dans des proportions raisonnables, tâche difficile dans la mesure où tout semble fait pour qu'elle prenne le dessus. On se croirait presque deux siècles plus tard. Sinon qu'on cherche le Sainte-Beuve d'aujourd'hui.
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Auteur de pièces de théâtre et radiophoniques, Jean-Claude Mouyon a été journaliste et s'est consacré à l'écriture dans le sud-ouest de Madagascar où il avait posé son sac. Il est mort le 22 décembre 2011.
Il faut les voir ces perdus de l'existence, Tai Be, l'Archi, LR, Caca Citron, le narrateur et tant d'autres... les voir pour croire en leur destinée au fin fond de nulle-part-sur-rien dans le sud squelettique de Madagascar. En prise directe avec le quotidien de leurs amis autochtones et la réalité abrupte d'un pays à la fois magique et désespérant. Une relation passionnelle. Ces trois courts romans réunis sous le titre générique de Roman vrac, drôles, mordants, tragiques, reflètent les affres mais aussi les joies que connaissent les étrangers du monde entier. Et comme dit l'autre, si on n'est pas entrés dans l'histoire on reste becs et ongles bien ancrés dans la vie. Et qu'on se marre! -
Auteur de pièces de théâtre et radiophoniques, Jean-Claude Mouyon a été journaliste et s'est consacré à l'écriture dans le sud-ouest de Madagascar où il avait posé son sac. Il est mort le 22 décembre 2011.
Les trois courts textes qui constituent la trilogie de L'Antoine, idiot du Sud ont pour particularité d'être en apparence inachevés. Disons qu'ici l'auteur s'est amusé à jeter les bases de ce qui aurait pu constituer un seul roman, à jeter des fils et brouiller les pistes pour au final laisser le lecteur face à une oeuvre abandonnée à son propre devenir. Un personnage et ses proches. Le Sud. Le quotidien. Trois ingrédients récurrents dans chacune de ces histoires qui sont autant de déclinaisons d'une idée romanesque reposant sur un unique socle. L'idée étant d'en avoir plusieurs et d'en proposer autant... Le concept aurait pu se dérouler à l'infini dans une série intitulée «Les aventures d'Antoine» mais trois longues nouvelles ou trois courts romans, au choix, c'est déjà bien suffisant, non ? Puisse la présence d'Antoine (dit l'idiot du Sud) tisser un lien de complicité avec ses lecteurs lesquels, je crois le savoir, ne sont avares ni de sens de l'humour ni de celui de gravité. Merci. Je vous laisse car Baba vient d'ouvrir. (L'auteur) -
Auteur de pièces de théâtre et radiophoniques, Jean-Claude Mouyon a été journaliste et s'est consacré à l'écriture dans le sud-ouest de Madagascar où il avait posé son sac. Il est mort le 22 décembre 2011.
Pratiqué dans les régions Sud de Madagascar, le beko est un chant polyphonique a capella généralement interprété par un groupe d'hommes, nommés sahiry, composé d'un récitant et de choristes. Perpétué depuis la nuit des temps par les ethnies du Grand Sud, le beko fait résonner sa litanie répétitive et gutturale durant les nuits où amis et famille du défunt sont réunis devant des feux et des bassines de rhum pour accompagner l'esprit du mort dans sa marche vers l'Est, là où vivent les ancêtres. Beko, le roman, n'est en rien une explication ethnologique du culte des ancêtres mais l'appropriation d'un fait social et culturel qui m'a permis de bâtir une fiction à partir de la structure rythmique et narrative d'une cérémonie revisitée en présence de ses acteurs : Grand Homme, le défunt ; les sahiry ; les vivants. Sur le thème d'une histoire policière inspirée d'un fait divers réel, Beko ou La nuit du Grand Homme se veut aussi un chant, une musique à la fois tendre et violente dédiée à l'extrême Sud de Madagascar et aux hommes libres qui y vivent, ceux qui souffrent mais ne pleurent jamais.