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Quel livre ! Et probablement le meilleur moyen d'entrer dans l'oeuvre à la fois douce et caustique d'Eugène Dabit : chargé d'humanité jusqu'à la gueule, la douceur jusque dans la crapule, et pourtant qui vous décortique tout ça à l'acide...
Construction imparable : quatre journées, presque un timing en temps réel. Ouverture : on apprend qu'Albert est mort (rappelez-vous le destin célèbre phrase de Molière : "le petit chat est mort"), deuxième jour, la famille s'organise et le veille, troisième jour ce sont les formalités, quatrième jour on l'enterre.
On ne vous fera grâce de rien, avec passage régulier au Bar du Télégraphe qui est la plaque tournante de ce petit monde. Des passages d'anthologie, lorsqu'on visite l'appartement du mort, et qu'on décortique ses papiers, actions, rencontres amoureuses, carnet de bord de sa voiture et de la société de pêche. Non, "Albert n'avait pas une vie aventureuse", mais c'est bien ce qui fait l'aventure de Dabit : cette masse de petits secrets qui nous explose à la figure, alors c'est l'inconscient de toute une société, ce Paris populaire de 1934, un peu moins miséreux que dans "L'hôtel du Nord", mais avec la même gouaille, la même verve.
Alors on fait quoi et comment, chacun de nous, quand on apprend que l'oncle Albert est mort ? Ici commence la prouesse, mais nous on n'a qu'à suivre et rire. Pas très à l'aise, bien sûr, sinon le roman ne serait pas autant une réussite. Puis quand même : il n'est pas mort chez lui, Albert, il est mort chez une dame...
FB -
« Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance ! »
Indécis, ils s'assirent d'abord sur la coque et observèrent un moment le passage continu des spectres à l'assaut des rives de l'Enfer dans la clarté diffuse qui provenait de nulle part : pas de soleil, de lune ou d'étoiles dans ces parages.
L'Histoire ne mourant jamais, de l'étang de Thau à l'Enfer de Dante, arrivée brutale de l'oncle Henri, le dernier des pourris, la pire des raclures. À ses côtés, Mô, dilué dans le désespoir comme on se perd dans un brouillard façon Zyklon B, s'aventure à l'aveugle dans les neuf cercles fantasmagoriques peuplés de damnés nazis et de diables cornus. Comment ne pas le suivre dans cet Enfer tatoué de croix gammées quand on sait qu'il va faire la lumière sur la part d'ombre qui l'agite depuis son enfance ? Lancé dans ce cauchemar comme un chien dans un jeu de quilles, dans l'obscurité et la douleur, Mô découvre qu'il n'y a pas de limites à l'horreur.
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Vendange 1960.
Le soleil se couche rouge.
Le conteur, Mô, un gamin de douze ans à la langue bien pendue, entêté comme personne, démêle les fils d'un polar haletant, labyrinthe en forme de cauchemar éveillé. Avec son ami Aristide, géant microcéphale à cervelle de moineau, et sa bande de gosses effrontés, il rôde dans le noir et s'interroge : qui a tué la belle Meneuse ?
La horde poussiéreuse des vendangeurs, hantée de dangereux secrets, suit les sillons que creuse le sang dans les vignes. Dans le marais et sur l'île interdite, quand survient la nuit, veillent les sentinelles aux crânes de morts. Mais quel est donc cet étrange endroit où règne le réalisme magique ?
Voici l'ethnographie sanglante d'un microcosme sudiste, le début d'un long conte noir, l'enfance d'une vie : la Saga de Mô.
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Ce volume est le premier d'une série de six titres, à la croisée du polar et du fantastique, et qui seront publiés en numérique et papier. Rendez-vous sur le site officiel du livre pour découvrir l'univers de Mô : http://lasagademo.publie.net -
Ex-taulard reconverti dans les assurances, Léo Boivin mène une vie terne, mais paisible, dans une ville de l'ouest à la pluviométrie abondante. Jusqu'au jour où la visite d'un policier muni d'une photographie vient lui rappeler qu'il est souvent plus difficile qu'on ne le croit d'échapper à son passé. Lancé bien malgré lui sur les traces d'un mystérieux personnage au destin plus que trouble, Léo devra risquer sa peau, offrir le café à son pire ennemi, rencarder des types qui ne méritent franchement pas le détour, déchaîner la Chine millénaire... Tout ça pour apprendre à ses dépens que la fréquentation des fantômes n'est jamais sans danger.
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Un revenant, Jean Valjean au début des Misérables. Il cheminait, un sac de marin sur le dos et je n'ai pas eu le moindre doute : c'était mon Aristide. Il lui avait fallu des années avant de se repointer à la cabane, une éternité sans nouvelles, et à cet instant j'étais incapable de présumer si ce retour serait un mal ou un bien.
En l'espace de six tomes d'une Saga hors normes, Mô a vécu une vie entière de magouilles et de mystères, de road-movies en odyssées mystiques, de plongées en eaux troubles en luttes acharnées contre le crime organisé. Il est resté libre de bout en bout, libre dans sa tête. Mais il est une histoire que la Saga n'a pas encore racontée. Elle se situe entre le troisième et le quatrième tome : Aristide est de retour. Seul ? Non, le fantôme de Malika le travaille. Qu'est-elle devenue, Malika, et pourquoi Mô, d'ordinaire si bavard, garde le silence à son sujet ? Est-il encore envisageable de reformer le trio né dans le deuxième tome ? Une nouvelle aventure pour continuer le cycle avec panache.
Découvrez la Saga sur http://lasagademo.publie.net -
Tout commence avec Paul Valéry, se moquant des conventions du roman, quand la littérature s'y prend les pieds : « La marquise sortit à cinq heures... » Depuis, c'est une phrase étendard : parce qu'il y en a tant, de livres et même de ceux qui se vendent et se vendent, qui prennent les recettes de l'illusion sans les remettre en chantier, les questionner. Non, « la marquise sortit à cinq heures » ne fait définitivement rien sortir de la langue. Sauf ici.
Alors, exercice intellectuel où s'ennuyer et se perdre ? Que non. Voyez la Disparition de Perec : c'est pour de vrai un roman policier, et qui n'est pas prévenu tombera parfaitement dans le panneau tendu.
L'art du jeu, c'est de créer une machine plus forte que vous, qui vous emporte où vous n'avez pas prévu d'aller. Michel Brosseau a lancé le 4 janvier 2010 un feuilleton quotidien sur le web , où les personnages ci-dessus évoqués, et cette marquise qui sort à toutes les heures, se croisent avec des anecdotes sociétales réelles. C'est un blog, distinct de A chat perché , le blog principal de l'auteur. Mieux, la marquise aura elle-même sa page Face Book pour se défendre de tout ce monde-là.
L'expérience dure 150 jours, et autant d'épisodes. La marquise est définitivement devenue roman Internet. Avec ce que ça comporte : on parle du tabac ou de la boule de fort, des liens vous embarqueront dans le monde réel. -
"Le café avait un goût de terre, le fin gobelet de plastique blanc brûlait les doigts. Elle leva la tête, cherchant de l'air peut-être. Un carré de ciel laiteux se découpait sur l'obscurité, là-haut, par-delà les murs lépreux. Trois murs aveugles dont le crépi partait en plaques géographiques, le dernier percé de petites fenêtres sales en enfilade verticale : une cage d'escalier. Fanny hocha la tête.
Chardin l'interrogea du regard, croyant qu'elle avait décliqué sur quelque chose. Elle haussa les épaules. Non. C'est juste l'idée que la fille avait dû être balancée par une de ces fenêtres qui lui avait traversé l'esprit, et elle avait hoché machinalement.
Elle changea le gobelet de main, agita brièvement les doigts pour dissiper la chaleur et souffla sur le liquide fumant. Les fumeroles s'enroulaient dans la lumière jaune de l'ampoule de la cour. Le mistral était tombé. De molles entrées maritimes portaient la vague promesse d'embruns mêlée à la lointaine rumeur du port qui s'éveille.
Les trois hommes, deux petits et un plus grand tout vêtus de sombre, se tenaient identiquement raides, empotés dans la lumière sombre, les bras ballants. Et quand Fanny claqua des lèvres, les regards sautèrent sur elle. Elle allait décider, donner des consignes, lancer la machine. Dans la moindre série américaine, une armée de spécialistes s'activerait déjà à passer au crible la scène du crime. Mais Fanny n'avait rien d'une américaine, s'était levée du pied gauche avec une humeur de vive et n'articula qu'un seul mot :
- Dégueu...
- Encore heureux qu'il y en ait, lieutenant, essaya Chardin qui s'était cassé le cul à enfiler dans la thermos le liquide noir qu'il avait extorqué à la cafetière du commissariat." -
Cavalier seul Tome 1 ; al teatro
Stéphanie Benson
- Publie.net
- Mauvais Genres
- 20 Mars 2013
- 9782814503908
Aux quatre coins de l'Europe, les meurtres de masse se multiplient. Une section d'Europol enquête et tente de déjouer les plans de ces tueurs en série d'un nouveau genre. L'horloge tourne : une course contre la mort a commencé. D'autant plus que, dans l'ombre, les sectes les plus violentes s'apprêtent à faire couler le sang... Que se passera-t-il exactement lorsque l'Église du Millénium de l'Aube Radieuse aura trouvé son nouveau gourou et l'aura initié aux rites de l'Unterwelt ?
De la France à l'Allemagne en passant par le Royaume-Uni, à la croisée du Jugement dernier de Jérome Bosch, de l'Enfer de Dante et du film Seven, ce thriller fascinant teinté de fantastique nous emporte dans les pires tourments de l'âme humaine avec folie et élégance. C'est aussi une réelle plongée politique dans un monde abject mis sous la coupe des puissants. -
Quand il n'écrit pas des histoires, g@rp relit celles des autres. Les miennes, par exemple : depuis trois ans, avec un mélange de bonhommie et de précision maniaque, il traque, repère et souligne d'écarlate. Le genre de good cop sur lequel on est content de tomber dans le désert. Celui, aussi, à qui on la fait pas. L'oeil pétille, la moustache frise, les touches crépitent. g@rp est l'homme des chutes calculées, des mots qui rattrapent et des détails qui tuent. Ses histoires évoquent une Amérique intensément fictionnelle, peuplée de dingues durs, d'acteurs à la dérive, de crotales et de harpies. Les paysages, les acteurs, l'intrigue, y sont expédiés à l'ancienne : plaqués contre un mur, un flingue sur la tempe, sommés de lire leur texte sans cesser de sourire. C'est un royaume qui fleure bon la poussière et le sang chaud, un décor de portes branlantes et d'âmes déglinguées. Les enseignes y clignotent comme dans un film de Lynch : Good news for people who love bad news. Les mots ? Des balles à tête chercheuse, mais c'est vous qu'ils trouveront. L'Amérique des fictions, vous dis-je. La seule et la vraie. Accoudé au comptoir, aussi énigmatique et tristement bienveillant qu'une figure de Hopper, g@rp désigne un rideau dans la salle du fond. Écarlate, le rideau. Évidemment, il ne tient qu'à vous d'aller jeter un oeil. Mais n'oubliez surtout pas le guide. - Préface de Fabrice Colin
La chambre ressemble à une porcherie, et en pensant ça je me dis que c'est pas qu'une impression, il y a trop de faisceaux de preuves, comme ils disent dans les séries télés que se tape Clint depuis qu'on s'est installés au Motel de l'Autre Monde - j'invente rien, c'est son enseigne.
D'ailleurs, j'avais tiqué en déchiffrant péniblement les néons qui clignotaient minimum qu'un coup sur deux, en plus, il leur manquait des lettres, les autres grésillaient comme une chaise électrique, à croire que l'autre monde, c'était pas la peine d'aller le chercher bien loin, on était en plein dedans.
Merde ! avait sifflé Sean, on se croirait dans un Stephen King !
J'avais haussé les épaules mais fallait quand même reconnaitre qu'il avait pas franchement tort.
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Cheval de guerre Tome 2 ; al teatro
Stéphanie Benson
- Publie.net
- Mauvais Genres
- 20 Mars 2013
- 9782814504325
« Le Cercle l'avait chargé de recoller les morceaux, de faire en sorte que, malgré l'incarcération du géniteur de l'Antéchrist, la fin du monde puisse gentiment poursuivre son bonhomme de chemin au-delà du cataclysme mondial vers le paradis sur Terre, et tout cela, si possible, avant le petit déjeuner. »
Le deuxième volet de la fresque apocalyptique Al Teatro de Stéphanie Benson est le théâtre du déchaînement d'une haine destructrice sans limite orchestrée par Abaddon, dont quatre murs n'empêcheront pas d'assouvir la soif de chaos. Tirzah, poussée par des urgences qu'elle ne comprend pas, retourne chez elle dans le pays de poussière où elle trouvera refuge pour organiser une résistance hors-norme. Quand le réel ne suffit plus pour décrire une humanité qui sort d'elle-même, Stéphanie Benson nous emporte dans une odyssée glaçante et fantastique, où les chevaux de Troie ne sont plus ceux que l'on croit.
Avec ces deux premiers volumes, Stéphanie Benson nous offre un polar fantastique des plus sympathiques et des plus glauques. Elle joue avec la folie et l'horreur avec un certain brio et accroche le lecteur dès les premières pages par un ton et une plume percutants. ActuSF -
Un vrai roman policier. En fait, non. Plein de romans policiers - des rêves ou des cauchemars pire que des romans policiers.
Tous les codes, hémoglobine, marques de chaussures, coprophagie même, ça décape.
Et parmi les personnages de passage, pas moins que Jésus, King Kong ou la poésie lettriste elle-même. Ou faire un best-seller avec un livre sur la vie des têtards composé via Internet, vous sauriez, vous ?
Dès lancé le projet publie.net, j'avais sollicité Antoine Boute : présence forte de la scène bruxelloise, performeur proche des chemins de Charles Pennequin, lisant et intervenant aussi bien en langue française que flamande. Je ne savais pas qu'il me répondrait avec deux envois presque antagonistes : un travail de fond sur Guyotat et le toucher constamment téléchargé depuis lors, et cette suite de neuf brefs polars, classés par saison.
Sous la grande farce cruelle des scènes, dans ces polars avec pelleteuses, avec chiens, ou l'ultime variation pour un roman inerte, le poète traîne toujours des pieds dans un coin. Et c'est un poète lettriste, qui s'active dans l'intérieur même des romans à en déconstruire ou démonter les mots.
Le lien avec Antoine Boute performeur, avec Antoine Boute décortiquant le corps écrit de Guyotat, n'est donc pas si ténu.
C'est bien un seul polar géant et malsain de 150 pages qu'on propose d'avaler - ça secoue la réalité.
FB
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Des noms et des histoires rassemblés en blocs de langue, légèrement râpeuse comme un patois de campagne, avec animaux, mots gros et collection de détails constituant peu à peu mosaïque criante de vérité de cet ici (au hasard : "café calva canard, et lunettes rafistolées bouts de gros scotch"...), qui resurgissent là, dans cette écriture de la langue parlée.
Une croisière pas de tout repos dans les zones accidentées des liens familiaux, "où sang veines familiales renversent coulent de mains en mains où ne pas étouffer ni taire", "un siècle ou deux de générations" et la guerre, et puis au moment du deuil : noeuds affectifs, cristallisation lors des héritages, émergence des enjeux toujours exagérés ("bout de terre ne vaut pas grand kopek inculte juste un petit bout de lande"), "des vertes et pas mûres" pour se partager "la part de la galette", le magot, qui dort là, c'est sûr... de ce qui se joue au fond des cuisines de nos campagnes, lieu de la discussion, du café, sur la nappe à carreaux que l'on imagine là.
Bref, une langue avec ce goût de poésie brute, cet écho des sagesses et bêtises paysannes, une langue forte et belle, et pas seulement pour qui sait et a vu ces scènes-là... de ces langues-là de campagne, mais repassées ici au contemporain.
Cécile Guivarch, née en 1976, vit à Nantes et anime le site terreaciel.free.fr .
FG
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La Chapelle-Saint-Jean, une banlieue pavillonnaire des bords de Loire. Deux adolescents " tiennent les murs". Brigade anti-criminalité ... Contrôle d'identité ... Course poursuite ... Bastien, 17 ans, n'y survivra pas. Patrick, un petit prof quarentenaire, a assisté au drame. Malade de n'avoir su l'empêcher, il n'a désormais qu'un but : établir la cullpabilité des policiers dans la mort du jeune Bastien. C'est une bavure. Patrick est semblable à des millions d'indignés quotidiens : classe moyenne silencieuse rêvant de justice. Enquêteur maladroit, il entreprend de démasquer les enjeux de la politique locale. Mais comment éviter l'enfermement idéologique quand les médias de toutes tendances, les élus, les militants progressistes, les voisins et parents multiplient les simplifications et les amalgames. C'est un voyage au bout des illusions perdues. Et l'écriture de Michel Brosseau....
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Phasmes : ces insectes qui vivent cachés, fusionnent avec l'environnement, se font branche sur une branche, feuille aux milieu des autres, au point de passer totalement inaperçus, et ce sont les mouvements qu'ils font qui les dévoilent.
Les Phasmes de Stephanie Benson sont noirs, noirceur polar. Et quand elle les observe, les camouflages tombent, soudain inefficaces.
L'environnement de Phasmes, c'est la jungle des villes, avec ses commissariats, ses chambres d'hôtels borgnes, ses villas luxueuses, ses bars enfumés, ses bureaux à dorures respectables, ses rues bruyantes et ses portes dérobées donnant sur une arrière-cour discrète. On y croise des proies, des prédateurs, des serviles, des lâches, des puissants et des fous qui parfois deviennent incontrôlables. Ils s'activent tous sous couvertures : ce sont les Phasmes.
Une autre façon, un regard dur, qui passe de l'Europe à Montréal pour démonter les dessous de la prostitution, où la question rejoint celle même de la condition des femmes.
Le narrateur voudrait survivre, ce qui, pour lui, passe d'abord par parfaitement se fondre dans le décor. Le danger, dans ce jeu de miroirs, est de perdre son identité, de se laisser absorber et de perdre de vue les limites de l'acceptable..
Stephanie Benson prouve avec Phasmes que le noir est une couleur qui déborde. La question est : jusqu'à quel point ?
CJ
Ce texte inédit sera offert du 15 avril au 15 mai pour accompagner la parution intégrale sur publie.net de la tétralogie de Stéphanie Benson, "Al Teatro". -
Aujourd'hui, la multinationale et superpuissante Argos étend ses ramifications jusque dans la vie privée des citoyens sans être inquiétée le moins du monde. Grâce à son célèbre Cloud, elle est la grande prêtresse de la guerre des données. Mais peut-on accepter qu'une entreprise privée s'arroge tous les pouvoirs et domine le monde ? Car il s'agit bien de cela, en vérité... Dominer. Jägere Thomasson, la quarantaine bien tassée, vieux briscard journaliste et solitaire, mène l'enquête avec son fidèle acolyte, le policier Dave Volpe. Bars insolites- superbe scène au coeur des nuits d'amours transgenres -, interviews, immersion dans le quotidien d'un journaliste chevronné, manipulations... Le danger rôde dans cesse et Thomasson se sait surveillé de très près... Argos peut-elle toujours gagner ?
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Des enfants jouent sur un rivage, et aperçoivent un corps échoué. C'est celui de Monsieur M. - une énigme à résoudre, jusques et y compris dans la fable qui peu à peu devient fantastique, mêlant l'enfermement de qui écrit à ce qui l'oppose aux mots d'ordre hurlés. Les voix qu'il entend dedans la page encore à écrire, et celles d'un dehors devenu carcéral, vociférant ordres et mots d'ordre. Aux mises en abyme successives qu'organise le récit, aux labyrinthes d'une bibliothèque - vide de tous ses livres brûlés, sauf un seul encore à écrire -, aux jeux de miroirs que peu à peu le geste d'écrire fait naître de lui-même, le roman vient proposer, comme autant de nouveaux reflets, l'écho de portraits successifs.
Ils viennent comme démultiplier, dans leur champ propre, l'interrogation que porte le récit, que porte peut-être tout récit. Dans la clôture d'une chambre, que peuvent écrire ou peindre ? Les deux actes, entiers dans leur geste, viennent, chacun à leur mesure, dépasser la condamnation qu'ils portent en eux-mêmes. Un papillon noir, fasciné par la flamme du rêve dans un rêve, vole vers la nuit elle-même.
Jean-Yves Fick -
Fut un temps où la sauvegarde de nos vies (sauvegarde au sens informatique qu'on lui prête aujourd'hui) était l'apanage des artistes, et notamment des écrivains. Mais, à l'heure de la surveillance de masse, des réseaux sociaux et des algorithmes invasifs, si nos vies sont suivies en temps réel, serons-nous encore capables de les écrire ? Née dans un contexte sécuritaire particulier où, de New York à Paris, sous prétexte de lutter efficacement contre le terrorisme, l'état d'urgence est devenu la norme, cette question nous concerne tous.
Parce que la pratique de l'écriture se heurte tout particulièrement à ces enjeux, et dans le prolongement d'un symposium organisé en novembre 2014 dans le cadre du Festival du Film de Lisbonne sur le thème « Créateurs et surveillance », Céline Curiol et Philippe Aigrain ont invité dix écrivains contemporains à donner corps à cette question.
D'Orwell à Amazon en passant par les drones espions, Noémi Lefebvre, Christian Garcin, Marie Cosnay, Céline Curiol, Claro, Carole Zalberg, Bertrand Leclair, Miracle Jones, Cécile Portier, Isabelle Garron, Catherine Dufour et Philippe Aigrain s'en remettent à la fiction et au langage pour nous ouvrir les yeux. -
Les Bandits tragiques suivi d'Adieu Cayenne !
Albert Londres, Victor Méric
- Publie.net
- 27 Mars 2019
- 9782371772168
« Un roman-feuilleton fait avec de la vie et du sang, encore chaud de toute la douleur humaine. »
C'est l'une des affaires les plus connues et les plus commentées de la Belle Époque. En France comme à l'étranger, les anarchistes de « La Bande à Bonnot » ont fait les gros titres de tous les journaux. Nous sommes en décembre 1911 lorsque plusieurs comparses anarchistes braquent la Société Générale de la rue Ordener à Paris... événement qui met le feu aux poudres et déclenche une furie policière rarement vue. S'ensuivent des mois de courses-poursuites effrénées, d'affrontements violents à glacer le sang. Parmi cette énigmatique Bande à Bonnot, se trouve un profil différent, un sympathisant à la cause anarchiste, innocent du crime dont on l'accuse. Son nom : Dieudonné. Dans le tumulte de l'affaire comme dans les terribles débouchés judiciaires dont il fera l'objet, il incarne à lui seul l'aventure hors normes des membres de cette Bande.
Parmi les nombreux textes qui s'intéressent à l'affaire, nous avons sélectionné ceux de Victor Meric et Albert Londres. Comme des faces d'une même pièce, et pour la première fois rassemblés au sein d'un même ouvrage, ils donnent à voir deux aspects jumeaux de cette affaire : l'avant et l'après, la chute et la rédemption, le récit collectif et le destin singulier d'un homme. -
La pollution ultime partit simultanément de la lagune de Venise et des étangs languedociens ; cette fois, la malaïgue avait pris le large. La chaleur aidant, elle s'exhala et pénétra partout, s'insinuant par le moindre interstice, envahissant les coins les plus profonds et les plus reculés, les caves, les souterrains, les catacombes, l'intérieur des murs, soupe gazeuse chaude, nourrice des morts à venir.
Il faut fuir. Quel monde Mô trouvera-t-il à sa sortie d'asile ? Jusqu'où devra-t-il puiser pour déjouer les pièges de ces étendues post-apocalyptiques ?
À bout de ressources, la mort aux trousses, il se résout à abandonner son territoire et se lance dans une course éperdue qui le mènera jusqu'en Espagne, et à Gibraltar...
Le dernier acte, haletant, de La Saga de Mô.
Conte ethnographique hyperréaliste et roman noir, Malaïgue est le sixième épisode de La Saga de Mô. -
Docteur Descartes contre les néo-nazis, ou Mister Grabuge.
Descartes est un escroc à la petite semaine. Grand Maître des Sciences médiumniques, il vous aide à résoudre tous problèmes, travail, amour, sexualité, etc. Résultats garantis. Jusqu'au jour où une lettre d'un groupuscule néo-nazi tombe par erreur (?) dans sa boîte aux lettres. Ce jour-là marque la fin des amuse-gogos et le début d'une affaire bien trouble. Le petit joueur se retrouve dans la cour des Super-Vilains.
Ça flingue, ça cogne, ça balance comme du rock, c'est drôle, ça remue, ça fait drôlement de bien.
« La relève de Queneau, version Saint Glinglin est assurée. Enfin. » - Jean-Bernard Pouy
« Un souffle de vie qui vous met un soufflet, pamphlet sur la folie d'aujourd'hui, si vous avez pas saisi, lisez ! » - Mallaury Nataf
(Précédemment publié aux Éditions Florent Massot)
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"Le soleil blafard se lève péniblement derrière les collines escarpées.
Là-bas, sur Tauroentum, les lourds nuages de l'orage s'éloignent, irisés par les premières lueurs de l'astre.
La mer est d'huile.
Plus un souffle d'air, pas la moindre brise pour pousser cette barque sans voile ni rame perdue au milieu des eaux désormais calmées.
Mare Nostrum...
Une frêle silhouette se tient debout, à la proue de ce navire à la dérive.
L'homme, vêtu d'une simple toge, le visage émacié, regarde s'éloigner la famille de dauphins qui les a accompagnés tout au long de leur périple, depuis leur départ de Césarée, il y a déjà trois mois.
Ses compagnons de voyage, épuisés par cette errance, se sont regroupés à l'arrière de l'embarcation, protégés du froid par une simple toile de lin usée et maculée. Une douce mélopée s'élève. Le clair clapotis de l'eau sur la coque l'accompagne. Quelques mouettes surprises par cette apparition viennent tournoyer autour de cet équipage curieux.
Un corps se déplie lentement de dessous la toile, et apparaît une femme d'une grande beauté, le visage pur, les traits sereins. Son enfant se tient à ses côtés, blond comme les blés, ses yeux bleus reflètent toute la générosité du monde. Le jeune garçon assis en tailleur souffle délicatement dans ce pipeau de bois sculpté par les mains expertes de quelque charpentier talentueux. L'homme, le visage tourné vers le ciel, lève ses bras en croix et fait exploser un cri.
- Ta gueule, Manu !
- Ho ! Joseph ! Tu les as à l'envers, ce matin ? C'est la flûte à son père !" -
22 heures.
Rue des Petites-Écuries à trente mètres du New Morning.
La fille a été balancée dans la cour. Un sac de merde. Cinq clandestins turcs en retrait. La nuit mange le décor. Je vois ses cuisses. Son sexe inutile. La corde autour de son cou. Et Becker. Le commandant Becker. Milou dégueule ses tripes. Pédé.
- Putain, Dan, toujours la corde, bougonne Becker.
- C'est la deuxième.
- Les Turcs, là derrière, ont interrompu la fiesta.
- On peut choper des empreintes...
- S'il est fiché, bingo. Sinon, il s'en fait une troisième.
- Elle est Turque ?
- Tunisienne d'après ses papiers. C'est un fan du Maghreb. Bon alors, il arrive ce labo à la con !
Il gueule un peu trop fort. L'émotion. Ce fumier aurait un coeur : on n'arrête pas le progrès.
Chuchotements dans les étages.
L'odeur de pisse.
Les cuisses griffées.
Milou. Ses bonbons à la menthe.
Une Marlboro à la bouche.
Tuée ici ?
Panoramique. Possible. Tout est possible. Les Turcs bossent en cave. Pas de fenêtres. Les murs sont occultés. Cinq ouvertures au quatrième. Ça sent la mort. La dèche. La mort.
Et je pense à Joss. -
Ceci est le quatrième et dernier volet inédit de la saga Al Teatro de Stéphanie Benson.
Milton se réfugie aux États-Unis, mais le continent américain n'a plus rien d'un monde civilisé. C'est ici que Katz viendra le chercher pensant devoir le détruire. Peut-on, au nom du Bien, s'emparer des armes du Mal ? La construction de la cité idéale est déjà bien avancée, mais l'idéal des uns est l'enfer des autres.